Aujourd'hui je pars visiter un programme à Muntinlupa, une banlieue pourtant supposée chic de Manille. En réalité, au delà du fait que l'endroit regroupe une série de villas occupée par certains membres du gouvernement, ce quartier est surtout réputé pour sa prison hors du commun : Bilibid. C'est un jésuite, père Olivier, qui me fait la visite.
Entrée de la prison |
La particularité de Bilibid résulte en fait dans sa surpopulation. Pas moins de 23 000 prisonniers y vivent souvent accompagnés de leur famille habitant à proximité. A titre de comparaison, le triste record en Europe est français avec la prison de Fleury et son maigre 3 500 détenus. Olivier me raconte qu'au départ les détenus étaient entassés jour et nuit à 70 dans des cellules de 15 personnes. Devant la recrudescence des tueries et autres incidents, les autorités ont décidé de laisser les détenus sortir pendant la journée. Depuis, ceux-ci ont gagné petit à petit leur confiance et la prison est quasiment auto-gérée par les gangs. Et ça marche !
Exemple d'une cellule surpeuplée |
Autour de moi des hommes en t-shirt marrons circulent dans les rues bordant l'enceinte de la prison. Et non vous ne rêvez pas, ce sont bien des détenus. Olivier m'apprend que le marron désigne les minimum, ceux qui se trouvent à moins de cinq ans de leur libération. Certains ont même gagné jusqu'au droit d'aller effectuer des petits boulots aux alentours de la prison. Ah oui quand même, on est loin du système français ! Pour les autres c'est un peu plus contraignant. Le bleu ou medium regroupe les détenus qui doivent purger des peines de cinq à vingt ans. Quant à la dernière catégorie, les t-shirts orange ou maximum, ce sont les condamnés lourds (meurtre, viol, trafic de drogue...). Il n'empêche qu'à l'intérieur c'est une vraie vie de village qui s'organise. Commerces, marché, coiffeurs... les prisonniers montent leur petit business afin de mieux se nourrir et se loger. Le lieu fourmille d'activités. On y trouve même un terrain de tennis qui ferait presque oublier les barreaux qui l'entourent.
Ici pas de gardiens mais 12 gangs bien définis qui se chargent d'acheter tout nouveau détenu. Chaque gang possède ses bâtiments, ses règlements, son code de conduite. L’appartenance à l’un d’eux est telle que son nom n’est pas seulement tatoué sur le torse de ses membres : il est aussi mentionné dans le dossier de chaque détenu. Pour autant à l'intérieur, il parait que la ferveur est palpable. Ici à Bilibid, "on espère moins sa liberté que sa rédemption". Un fonctionnement sûrement impensable ailleurs...
2 commentaires:
Effectivement!
Habertus
c'est le Prison Break des Philippines.
Nanard
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