lundi 27 septembre 2010

Burdeos, l'aventure commence !




Cette semaine je pars visiter mon premier programme hors de Manille. Celui-ci est situé sur l'île de Polillo à l'Est de Manille, dans le village de Burdeos. Sur le papier ça semble plutôt simple à rejoindre: 5h de bus pour attraper le premier bateau qui part de Real à 7h du matin. Mais sur le terrain c'est une autre histoire...

Il est 6h30, je monte dans le bateau pour Polillo. Les gens s'entassent, les marchandises aussi, et finalement, à 8h30 le bateau largue les amarres. Ici, quelque soit le moyen de transport, l'heure du départ importe peu. Il faut juste attendre qu'il soit suffisamment plein. L’attente est parfois longue... Après deux heures de traversée, le rivage de l'île se dessine avec son petit embarcadère en bambous :


Reste alors à rejoindre le village de Burdeos en Jeepney par la seule piste qui existe. La Jeepney ici c'est le moyen de transport en commun le plus populaire. A l'origine, ce sont des Jeeps abandonnées par l'armée américaine à l'issue de la seconde guerre mondiale et qui ont été transformées par la suite. Et en général, les philippins ne lésinent pas sur la déco de leur Jeeps : très kitch, des flammes sur les cotés, un gros "God loves you" imprimé sur l'avant, c'est aussi ça les Philippines! Mais revenons à notre piste qui doit m'emmener jusqu'à Burdeos. Une piste qui ressemble par endroit à une simple coulée de boue. Et ce qui devait arriver arriva, la Jeepney, chargée à bloc, s'embourbe gracieusement :


Pas moyen de l'en déloger. Tout le monde descend et deux ou trois personnes, sans grande motivation, tentent quelques manœuvres. Une simple corde est utilisée pour tracter la Jeep à l'aide de celle qui nous précède. La corde saute à chaque tentative. Finalement, tout le monde se met à pousser la Jeep qui finie par repartir 3/4 d'heure plus tard. Et après 1h de route, j'arrive enfin à Burdeos !


C'est dans la librairie de l'école de Mount Carmel que je suis logé. La chambre est assez rudimentaire comme en témoigne la douche (ou plutôt devrais-je dire le seau) :


Au programme, visites des familles parrainées et animation avec les collégiens : quizz, meeting, plantation de cocotiers sur le campus et même petite chouille en mon honneur ! Les habitants de l'île de Pollilo vivent très simplement. Ils se nourrissent d'un peu du produit de leur pêche accompagné de riz ou de coprah qu'ils cultivent. Ci dessous un petit aperçu de mes visites à travers la campagne :







Pour mon dernier jour à Burdeos, les soeurs qui m’accueillent décident de partir sur une petite île pour l'après-midi avec un pic-nic pour le dîner. C'est donc accompagné d'une dizaine d'amis que nous embarquons sur un petit trimaran local. L'île, telle une minuscule oasis de verdure au milieu de l'océan, est connue par les locaux sous le nom de Binonbonan Beach :


Apéro avec l'équipe de choc :


A la nuit tombée, nous quittons l'île. Bien sûr pas de lumière dans la bateau ni de phare sur la côte pour nous guider. Le barreur semble se diriger à l'aide des points lumineux que forment les habitations côtières. Et puis soudain les points s'effacent. "Burn out !", "Burn out !". En effet ici l’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour. Et c'est donc à l'aide d'une lampe de poche que s'achève la traversée!



Il est 4h du matin et je quitte l'île de Polillo. L'embarcation file sur les eaux calmes du Pacifique. La pleine lune éclaire notre traversée et les Bee Gees rejouent un de leurs airs sur la chaîne Hifi du bateau...

dimanche 19 septembre 2010

Bilibid, une ville pénitentiaire

Aujourd'hui je pars visiter un programme à Muntinlupa, une banlieue pourtant supposée chic de Manille. En réalité, au delà du fait que l'endroit regroupe une série de villas occupée par certains membres du gouvernement, ce quartier est surtout réputé pour sa prison hors du commun : Bilibid. C'est un jésuite, père Olivier, qui me fait la visite.

Entrée de la prison 


La particularité de Bilibid résulte en fait dans sa surpopulation. Pas moins de 23 000 prisonniers y vivent souvent accompagnés de leur famille habitant à proximité. A titre de comparaison, le triste record en Europe est français avec la prison de Fleury et son maigre 3 500 détenus. Olivier me raconte qu'au départ les détenus étaient entassés jour et nuit à 70 dans des cellules de 15 personnes. Devant la recrudescence des tueries et autres incidents, les autorités ont décidé de laisser les détenus sortir pendant la journée. Depuis, ceux-ci ont gagné petit à petit leur confiance et la prison est quasiment auto-gérée par les gangs. Et ça marche !

Exemple d'une cellule surpeuplée 

Autour de moi des hommes en t-shirt marrons circulent dans les rues bordant l'enceinte de la prison. Et non vous ne rêvez pas, ce sont bien des détenus. Olivier m'apprend que le marron désigne les minimum, ceux qui se trouvent à moins de cinq ans de leur libération. Certains ont même gagné jusqu'au droit d'aller effectuer des petits boulots aux alentours de la prison. Ah oui quand même, on est loin du système français ! Pour les autres c'est un peu plus contraignant. Le bleu ou medium regroupe les détenus qui doivent purger des peines de cinq à vingt ans. Quant à la dernière catégorie, les t-shirts orange ou maximum, ce sont les condamnés lourds (meurtre, viol, trafic de drogue...). Il n'empêche qu'à l'intérieur c'est une vraie vie de village qui s'organise. Commerces, marché, coiffeurs... les prisonniers montent leur petit business afin de mieux se nourrir et se loger. Le lieu fourmille d'activités. On y trouve même un terrain de tennis qui ferait presque oublier les barreaux qui l'entourent.



Terrain de tennis de la prison©  G. Joren

Ici pas de gardiens mais 12 gangs bien définis qui se chargent d'acheter tout nouveau détenu. Chaque gang possède ses bâtiments, ses règlements, son code de conduite. L’appartenance à l’un d’eux est telle que son nom n’est pas seulement tatoué sur le torse de ses membres : il est aussi mentionné dans le dossier de chaque détenu. Pour autant à l'intérieur, il parait que la ferveur est palpable. Ici à Bilibid, "on espère moins sa liberté que sa rédemption". Un fonctionnement sûrement impensable ailleurs...

vendredi 17 septembre 2010

Manille et ses contrastes

Cela fait maintenant 3 jours que je suis à Manille et je commence peu à peu à prendre le pouls de cette métropole saisissante parfois même grisante. Parmi mes virées dans Manille, la plus marquante fut celle que j'ai faite avec Joe Dean et 4 autres volontaires. Bien sûr, de jour, les contrastes sont évidents. Le paysage semble être constitué d'une alternance de bidonvilles bordant des gigantesques buildings ou Malls (centres commerciaux) flambant neufs. Mais ce soir là, la nuit a agit comme un catalyseur...


Joe Dean est un philippin âgé d'une quarantaine d'années, assez charismatique, qui s'occupe des enfants des rues de Manille. Pour cela il a créé l'association He Cares qui vient en aide à 300 familles sans ressources et sans toit. Plusieurs fois par semaine, il sillonne les rues de Quezon city (quartier de Manille) pour aller à la rencontre des enfants des rues.


Joe Dean nous raconte que ces enfants, livrés à eux-mêmes, risquent plus tard de se retrouver confrontés aux problèmes de la toxicomanie ou encore de la prostitution. Ici, la colle que l'on sniffe fait des ravages. Beaucoup d'entre-eux arrêtent l'école très tôt pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille en mendiant.

Mais ce qui frappe en voyant ces visages courir en direction de la voiture de Joe Dean, c'est leur sourire! Ils sont heureux de rencontrer des nouvelles têtes avec qui s'amuser. La rue étant leur seul terrain de jeu.C'est donc accompagné du ballet incessant du trafic routier que nous jouons avec ces enfants. C'est une vraie leçon d'humilité que de voir autant de joie et de misère à la fois. Un peu plus loin, d'autres enfants dorment sur le bord d'une route non-éclairée, au pied des grilles d'un bâtiment ministériel...


L'espoir de Joe Dean ainsi que de l'association Enfants du Mékong est donc de pouvoir accompagner les plus démunis dans leur scolarité pour qu'il puissent apprendre à vivre plus dignement par leurs propres moyens. 

A vous de jouer !

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