Rien de tel que de passer la nuit chez une famille parrainée pour pouvoir découvrir un peu plus leur mode de vie. Les nouvelles du filleul envoyées au parrain n'en seront que plus authentiques !
Et c'est d'autant plus typique lorsque ces familles sont des Aetas - minorités ethniques dont on suppose qu'ils étaient présents bien avant les Austronésiens - vivant dans la région de Bataan. Les Aetas sont longtemps restés insoumis à la loi coloniale espagnole, se réfugiant dans les montagnes. Ces familles, la plupart du temps nombreuses, vivent dans des petites maisons de bambou, sans électricité, avec une unique pompe à eau par village. Leurs enfants ont souvent beaucoup de difficultés à étudier car l’école est très loin, ils n’ont parfois pas de quoi manger le matin, et leurs capacités intellectuelles sont parfois moindres à cause de leur consanguinité. Leur apparence physique se rapproche en fait plus à celle des Africains qu'à celle des philippins. La peau plus foncée, les cheveux crépus, le contraste avec la chevelure ultra-lisse des asiatiques est saisissant. Mais les visages sont toujours aussi artistiques et rayonnants ! Jugez plutôt par vous même :
Vous l'aurez donc compris, j'ai passé quelques jours chez des filleuls Aetas de la région de Bataan. La moto-taxi me dépose au pied d'un sentier qu'elle ne peut pas gravir. C'est accompagné des enfants du village venus à ma rencontre que j'effectue la demi-heure de marche restante. A peine le temps de souffler que l'on me propose déjà de participer à un match de basket. Pas trop mon truc à la base, mon petit mètre soixante-seize tourne plutôt à mon avantage ici devant le mètre soixante-cinq de moyenne des philippins. Après une demi-heure endiablée à courir, pieds nus sur le béton, par 30 °C, le match s'achève enfin. Je dégouline de sueur de la tête au pied et plus un seul centimètre carré de mon t-shirt n'est épargné. Je pense déjà à la sensation de fraîcheur que va me procurer l'eau de la pompe du village. Ou mieux encore ! Un plongeon dans la rivière qui s'écoule en contrebas... Mais mon rêve s'évapore d'un seul coup lorsque Daren, une fille du village, me lance un : "tu n'y penses pas ! On ne prend jamais une douche après le sport !". Croyant d’abord à une plaisanterie je me dirige vers la pompe du village qui me provoque à grandes gerbes d'eau. Mais Daren insiste : "c'est très mauvais pour la santé, tu devrais le savoir...". Plus qu'une question de santé, c'est en fait une histoire de tradition. Il me faudra donc attendre le lendemain pour pouvoir enfin me laver ! Il faut croire d'ailleurs qu'il était grand temps car Daren me tend un grand tube de shampoing en ajoutant, sourire en coin: "tu peux tout prendre !".
Ce soir c'est chez la famille de Jérémy, un filleul, que je dormirai. Celui-ci rentre tout juste, d'ailleurs, d'une pêche fructueuse :
Les maisons du village sont faites de bambous tressés tandis que le toit est en général fait d'herbes séchées, ou bien composé de vieilles tôles.
A l'intérieur, tout le monde s'affaire à la préparation du dîner. Celui sera servi sur des feuilles de bananier disposées sur la table. Le riz au centre, l'accompagnement autour, chacun se sert et fait son mélange tandis que des voisins s'invitent à la table pour la soirée.
Après le dîner, un voisin débarque dans la pièce à vivre avec un lecteur DVD portable. Le petit écran attire les curieux qui s'entassent dans la pièce ou sur le bas de porte. Je redoute d'ores et déjà le choix du film car je sais que les philippins ont un goût prononcé pour les films d'actions sanglants. Peu importe l'histoire ou le jeu d'acteur, pourvu que ça se tape dessus et que le sang gicle dans tous les coins. Je vois passer entre mes mains un DVD qui annonce déjà la couleur : la panoplie des films de Jean-Claude Van Damme !
Par chance le DVD de fonctionne pas et c'est finalement le film Avatar qui sera projeté. Vers 22h, fin de la séance, tout le monde part se coucher. Je m'allonge sur mon sommier en bambou qui, bien qu'un peu dur, fera largement l'affaire...
A 5h du matin, les cris des coqs viennent me tirer de mon sommeil. Le riz cuit déjà sur son feu de bois. Petit à petit le jour se lève et une nouvelle heure de cuisine attend les membres de la famille. J'en profite pour m'entretenir avec Jérémy et ses parents sur leur situation. Celui-ci me confie qu'il aimerait plus tard devenir policier. Après l'avoir interrogé sur ses motivations, j'apprends que c'est pour pouvoir aider les enfants abusés. Inutile de préciser que si à 13 ans, Jérémy a de telles motivations, c'est qu'il a été confronté de manière plus ou moins indirecte à ce genre de situations...
Ce matin, une excitation particulière anime les filleuls de la communauté. Pour ma venue, ils ont décidé de me montrer la plage qui se situe à moins d'une heure de marche du village. Je suis la petite troupe pour finalement déboucher sur une superbe plage de sable blanc déserte, entourée de cocotiers ! Je n’ai plus qu’à les suivre dans l’eau pour mon plus grand bonheur. Mes prochaines visites de filleuls attendront bien le temps d'une baignade. Profiter du temps présent, ne pas l’écourter pour courir après un probable bonheur futur, voilà un principe philippin auquel il est bon de savoir s’adapter !
1 commentaire:
discovering the essence of humanity is really fulfilling. after learning their culture, you'll then realize how simple they are, how simple their lives are away from sophisticated lifestyle. and i think this is what EDM trying to inculcate in our minds. - just a thought.
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