Dernier jour à Bontoc, le père John, qui m'héberge, me propose de l'accompagner à Talubin pour la fête du riz annuelle. Le connaissant, lui et son superbe abdomen, je me dis que pour une telle occasion, la ripaille devrait, à elle seule, valoir le déplacement. "You're gonna love this place!" m'assure Fr John. Ce fut en effet un moment à part, un dépaysement total !
Talubin est un petit village de paysans paumé dans les montagnes. On y accède en jeep puis à pied afin de traverser la rivière par l'unique pont de fil du village.
La fête a lieu sur la place du village qui n'est autre qu'un terrain de basket (le sport national) bordant la petite église en bois. Nous sommes attendus par tout le village pour la célébration de la messe par Fr John. C'est aussi l'occasion pour ce dernier de récupérer l'équivalent d'un van entier de nourriture pour lui et sa paroisse. Ici les prêtres n'ont pas de soucis matériels à se faire. Le pays étant à 90% catholique, ces derniers font parties de la classe aisée du pays notamment grâce à la grande générosité dont les habitants font preuve. Voici-ci donc ce qu'un village de simples paysans comme Talubin est capable d'offrir (essentiellement du riz, beaucoup de riz !) :
De quoi encourager les vocations !
A la sortie de l'église, tout le monde s'affaire à la préparation du déjeuner. J’aperçois de grosses marmites dans lesquelles d'étranges morceaux de viandes cuisent au bouillon :
Pas très rassuré par l’aspect, je demande à un homme du village quel animal va bien pouvoir accompagner le traditionnel bol de riz. Pour cette fête annuelle, faute de Carabao (buffle d'eau), celui-ci m'annonce qu'ils ont tué ce matin trois chiens et un cochon. J'en salive d'avance surtout que j’aperçois déjà les dépouilles des bêtes, petit à petit débitées sous les coups de machettes. L'expression "tout est bon dans le cochon" prend alors tout son sens :
Avouez que ça donne envie présenté comme ça ! Et si ça n'est pas le cas, n'espérez pas que l'on vous retire la peau et le gras qui va avec. Le déjeuner est servi ! Il ne manque plus qu'à dresser la table. Des feuilles de bananiers sont étalées sur le béton et allons-y gaiement ! Chacun se sert, à pleine main, en riz et en viande :
Et je dois bien avouer que finalement, le chien, c'est pas si mauvais. Ce qui est moins marrant c'est d'apprendre, après coup, que ce n'est plus un plat très courant aux Philippines car même cuit, certaines bactéries subsistent. Rien de tel qu'un bon verre de Gin pour désinfecter tout ça. En espérant que le verre qui vient de passer dans une dizaine de bouches avant d'arriver jusqu'à moi n’aggrave pas mon cas !
Ce qui est drôle c'est que les femmes du village ont l'air de se préoccuper de mon état d'ébriété tandis que leurs maris, après un demi verre, semblent déjà chargés comme des cyclistes. Et bien sûr, l'alcool aidant, il m'est difficile d’échapper aux différentes invitations à danser le Sagna. C'est la danse locale, héritage de leur culture ethnique. Cela consiste, pour les hommes, à danser en rond en tapant de manière plus ou moins rythmée sur un gong tandis que les femmes se tiennent autour en levant les bras. Je récupère donc mon gong qui possède, en guise de poignée, un os maxillaire. Après interrogation, j'apprends qu'il s'agit tout bêtement de la mâchoire d'un Japonais abattu durant la deuxième guerre mondiale !
Le maxillaire dans une main et la baguette dans l'autre, je tente d'effectuer les mêmes mouvements que mes prédécesseurs tout en essayant de garder le rythme dans ce vacarme.
2 commentaires:
« Ceterum ego dum omnia stupeo, paene resupinatus crura mea fregi. Ad sinistram enim intrantibus non longe ab ostiarii cella canis ingens, catena vinctus, in pariete erat pictus superque quadrata littera scriptum
CAVE CANEM.
Et collegae quidem mei riserunt. »
Je suis jaloux, je rêve de bouffer du clébard!!!!! En tout cas, je suis toujours aussi fan de tes posts...
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