samedi 25 décembre 2010

Maligayang Pasko !

Cela fait maintenant quatre mois que les philippins l'attendent, qu'ils décorent leur maison avec des guirlandes ou que les chorales s'échauffent la voix et cette fois-ci on est en plein dedans, je veux bien sûr parler de Noël ! Impossible d'y échapper, Noël est à chaque coin de rue. Les tubes de l'été sont remixés à la sauce "Merry Christmas", les pétards que lancent les enfants vous éclatent dans les jambes et les repas de Noël s’enchaînent à n'en plus finir. Alors bien sûr, Noël aux Philippines a un petit air de faux. Il fait 26 degrés mais le père Noël porte quand même son bonnet et ses épais gants. Quant aux sapins, c'est du plastique évidemment !
La dernière étape de cet Avent, c'est les "Simang Gabi". Il s'agit d'une messe à quatre heures du matin durant les neufs derniers jours précédent Noël. Pas de problème de réveil, les cloches de trois heures trente sont là pour vous le rappeler!



Depuis début décembre j'enchaîne donc les "Christmas Party". Et à chaque fois c'est la même effervescence. On joue, on danse, on mange, on distribue des vêtements, de la nourriture... C'est aussi l'occasion de parfaire ses talents de danseur ou chanteur. Et question dance, les philippins ne sont pas en reste. Ils vouent d'ailleurs une passion particulière pour les chorégraphies. Vous connaissez sûrement la chorégraphie en hommage à Michael Jackson réalisée par les prisonniers de Cébu (visible ici). Chaque fête aux Philippines comporte donc son lot de chorégraphies. Showtime na !






L'occasion pour moi de vous parler des "Baklas". C'est un peu le troisième sexe ici. Il s'agit de garçons qui s’habillent en femme et que l'on considérerait comme "gay" en France. Mais au Philippines on en aperçoit depuis le plus jeune age et ils sont complètement intégrés à la société. Je vous présente donc le concours de beauté de ces hommes-femmes :



Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un joyeux Noël !




jeudi 23 décembre 2010

I'm back

Moins d'articles ? C'est normal !

C'est que mes visites ne serviraient pas à grand chose si elles n'étaient pas suivies par la rédaction de rapports, lettres aux parrains, vérification du tableau comptable et j'en passe...

Bref, beaucoup de temps derrière l'ordinateur, souvent à Manille, à essayer de trouver un peu de concentration, entre le voisin qui chauffe ses cordes vocales avant l'habituel karaoké du samedi soir, les enfants du quartier qui frappent aux carreaux on encore rentrent brusquement dans la maison sans frapper évidemment :





Alors pour vous donner une idée d'à quoi peuvent bien ressembler mes rapports/lettres, voici ce qu'on appelle dans le jargon EDM une Lettre Individuelle au Parrain (ou LIP) :



mercredi 27 octobre 2010

J'irai dormir chez vous


Rien de tel que de passer la nuit chez une famille parrainée pour pouvoir découvrir un peu plus leur mode de vie. Les nouvelles du filleul envoyées au parrain n'en seront que plus authentiques !


Et c'est d'autant plus typique lorsque ces familles sont des Aetas - minorités ethniques dont on suppose qu'ils étaient présents bien avant les Austronésiens - vivant dans la région de Bataan. Les Aetas sont longtemps restés insoumis à la loi coloniale espagnole, se réfugiant dans les montagnes. Ces familles, la plupart du temps nombreuses, vivent dans des petites maisons de bambou, sans électricité, avec une unique pompe à eau par village. Leurs enfants ont souvent beaucoup de difficultés à étudier car l’école est très loin, ils n’ont parfois pas de quoi manger le matin, et leurs capacités intellectuelles sont parfois moindres à cause de leur consanguinité. Leur apparence physique se rapproche en fait plus à celle des Africains qu'à celle des philippins. La peau plus foncée, les cheveux crépus, le contraste avec la chevelure ultra-lisse des asiatiques est saisissant. Mais les visages sont toujours aussi artistiques et rayonnants ! Jugez plutôt par vous même :








Vous l'aurez donc compris, j'ai passé quelques jours chez des filleuls Aetas de la région de Bataan. La moto-taxi me dépose au pied d'un sentier qu'elle ne peut pas gravir. C'est accompagné des enfants du village venus à ma rencontre que j'effectue la demi-heure de marche restante. A peine le temps de souffler que l'on me propose déjà de participer à un match de basket. Pas trop mon truc à la base, mon petit mètre soixante-seize tourne plutôt à mon avantage ici devant le mètre soixante-cinq de moyenne des philippins. Après une demi-heure endiablée à courir, pieds nus sur le béton, par 30 °C, le match s'achève enfin. Je dégouline de sueur de la tête au pied et plus un seul centimètre carré de mon t-shirt n'est épargné. Je pense déjà à la sensation de fraîcheur que va me procurer l'eau de la pompe du village. Ou mieux encore ! Un plongeon dans la rivière qui s'écoule en contrebas... Mais mon rêve s'évapore d'un seul coup lorsque Daren, une fille du village, me lance un : "tu n'y penses pas ! On ne prend jamais une douche après le sport !". Croyant d’abord à une plaisanterie  je me dirige vers la pompe du village qui me provoque à grandes gerbes d'eau. Mais Daren insiste : "c'est très mauvais pour la santé, tu devrais le savoir...". Plus qu'une question de santé, c'est en fait une histoire de tradition. Il me faudra donc attendre le lendemain pour pouvoir enfin me laver ! Il faut croire d'ailleurs qu'il était grand temps car Daren me tend un grand tube de shampoing en ajoutant, sourire en coin: "tu peux tout prendre !".

Ce soir c'est chez la famille de Jérémy, un filleul, que je dormirai. Celui-ci rentre tout juste, d'ailleurs, d'une pêche fructueuse :


Les maisons du village sont faites de bambous tressés tandis que le toit est en général fait d'herbes séchées, ou bien composé de vieilles tôles. 


A l'intérieur, tout le monde s'affaire à la préparation du dîner. Celui sera servi sur des feuilles de bananier disposées sur la table. Le riz au centre, l'accompagnement autour, chacun se sert et fait son mélange tandis que des voisins s'invitent à la table pour la soirée. 


Après le dîner, un voisin débarque dans la pièce à vivre avec un lecteur DVD portable. Le petit écran attire  les curieux qui s'entassent dans la pièce ou sur le bas de porte. Je redoute d'ores et déjà le choix du film car je sais que les philippins ont un goût prononcé pour les films d'actions sanglants. Peu importe l'histoire ou le jeu d'acteur, pourvu que ça se tape dessus et que le sang gicle dans tous les coins. Je vois passer entre mes mains un DVD qui annonce déjà la couleur : la panoplie des films de Jean-Claude Van Damme ! 


Par chance le DVD de fonctionne pas et c'est finalement le film Avatar qui sera projeté. Vers 22h, fin de la séance, tout le monde part se coucher. Je m'allonge sur mon sommier en bambou qui, bien qu'un peu dur, fera largement l'affaire...


A 5h du matin, les cris des coqs viennent me tirer de mon sommeil. Le riz cuit déjà sur son feu de bois. Petit à petit le jour se lève et une nouvelle heure de cuisine attend les membres de la famille. J'en profite pour m'entretenir avec Jérémy et ses parents sur leur situation. Celui-ci me confie qu'il aimerait plus tard devenir policier. Après l'avoir interrogé sur ses motivations, j'apprends que c'est pour pouvoir aider les enfants abusés. Inutile de préciser que si à 13 ans, Jérémy a de telles motivations, c'est qu'il a été confronté de manière plus ou moins indirecte à ce genre de situations...



Ce matin, une excitation particulière anime les filleuls de la communauté. Pour ma venue, ils ont décidé de me montrer la plage qui se situe à moins d'une heure de marche du village. Je suis la petite troupe pour finalement déboucher sur une superbe plage de sable blanc déserte, entourée de cocotiers ! Je n’ai plus qu’à les suivre dans l’eau pour mon plus grand bonheur. Mes prochaines visites de filleuls attendront bien le temps d'une baignade. Profiter du temps présent, ne pas l’écourter pour courir après un probable bonheur futur, voilà un principe philippin auquel il est bon de savoir s’adapter !




mercredi 20 octobre 2010

Comment j'ai mangé du chien !

Dernier jour à Bontoc, le père John, qui m'héberge, me propose de l'accompagner à Talubin pour la fête du riz annuelle. Le connaissant, lui et son superbe abdomen, je me dis que pour une telle occasion, la ripaille devrait, à elle seule, valoir le déplacement. "You're gonna love this place!" m'assure Fr John. Ce fut en effet un moment à part, un dépaysement total !


Talubin est un petit village de paysans paumé dans les montagnes. On y accède en jeep puis à pied afin de traverser la rivière par l'unique pont de fil du village.


La fête a lieu sur la place du village qui n'est autre qu'un terrain de basket (le sport national) bordant la petite église en bois. Nous sommes attendus par tout le village pour la célébration de la messe par Fr John. C'est aussi l'occasion pour ce dernier de récupérer l'équivalent d'un van entier de nourriture pour lui et sa paroisse. Ici les prêtres n'ont pas de soucis matériels à se faire. Le pays étant à 90% catholique, ces derniers font parties de la classe aisée du pays notamment grâce à la grande générosité dont les habitants font preuve. Voici-ci donc ce qu'un village de simples paysans comme Talubin est capable d'offrir (essentiellement du riz, beaucoup de riz !) :


De quoi encourager les vocations !

A la sortie de l'église, tout le monde s'affaire à la préparation du déjeuner. J’aperçois de grosses marmites dans lesquelles d'étranges morceaux de viandes cuisent au bouillon :


Pas très rassuré par l’aspect, je demande à un homme du village quel animal va bien pouvoir accompagner le traditionnel bol de riz. Pour cette fête annuelle, faute de Carabao (buffle d'eau), celui-ci m'annonce qu'ils ont tué ce matin trois chiens et un cochon. J'en salive d'avance surtout que j’aperçois déjà les dépouilles des bêtes, petit à petit débitées sous les coups de machettes. L'expression "tout est bon dans le cochon" prend alors tout son sens :



Avouez que ça donne envie présenté comme ça ! Et si ça n'est pas le cas, n'espérez pas que l'on vous retire la peau et le gras qui va avec. Le déjeuner est servi ! Il ne manque plus qu'à dresser la table. Des feuilles de bananiers sont étalées sur le béton et allons-y gaiement ! Chacun se sert, à pleine main, en riz et en viande :



Et je dois bien avouer que finalement, le chien, c'est pas si mauvais. Ce qui est moins marrant c'est d'apprendre, après coup, que ce n'est plus un plat très courant aux Philippines car même cuit, certaines bactéries subsistent. Rien de tel qu'un bon verre de Gin pour désinfecter tout ça. En espérant que le verre qui vient de passer dans une dizaine de bouches avant d'arriver jusqu'à moi n’aggrave pas mon cas !


Ce qui est drôle c'est que les femmes du village ont l'air de se préoccuper de mon état d'ébriété tandis que leurs maris, après un demi verre, semblent déjà chargés comme des cyclistes. Et bien sûr, l'alcool aidant, il m'est difficile d’échapper aux différentes invitations à danser le Sagna. C'est la danse locale, héritage de leur culture ethnique. Cela consiste, pour les hommes, à danser en rond en tapant de manière plus ou moins rythmée sur un gong tandis que les femmes se tiennent autour en levant les bras. Je récupère donc mon gong qui possède, en guise de poignée, un os maxillaire. Après interrogation, j'apprends qu'il s'agit tout bêtement de la mâchoire d'un Japonais abattu durant la deuxième guerre mondiale ! 


Le maxillaire dans une main et la baguette dans l'autre, je tente d'effectuer les mêmes mouvements que mes prédécesseurs tout en essayant de garder le rythme dans ce vacarme.



mardi 12 octobre 2010

Au pays des coupeurs de têtes

Tout juste revenu de mes pérégrinations dans la région de Mountain Province, je vous présente un aperçu de ses rizières en terrasses, classées au patrimoine mondial de L'UNESCO et connues ici sous le nom de huitième merveille du monde, mais aussi de sa culture pour le moins originale.

Les filleuls parrainés par Enfants du Mékong dans la région sont essentiellement regroupés à Bontoc et Bauko, et c'est donc un voyage en bus de 12h qui commence afin de me rendre sur place pour visiter les familles. Arrivée au niveau de la Cordillère, le bus entame son ascension sur une route étroite et accidentée qui longe des précipices vertigineux. Lorsque le bus passe à travers les nuages, le brouillard est si dense qu’il est difficile d’y voir à plus de trois mètres. Fort heureusement, il n'y a qu’un mètre d’écart entre le bus et le précipice! Les deux dernières heures de trajet offrent un magnifique panorama sur les rizières en forme d’amphithéâtre comme celles de Banaue.


Arrivée à Bontoc je décide de m’arrêter pour une petite visite du Musée de la ville qui parait-il vaut le détour. Et effectivement la surprise est totale. L'influence culturelle laissée par les ethnies des Igorots est encore très présente dans cette région. Et ces ethnies ont beaucoup fait parler d'eux, notamment à travers leur passe-temps favori : "Head Hunting" (traduisez, la chasse à la tête humaine). En fait les rivalités entres villages voisins étaient telles, qu'en réponse à un certain désir d'action et d'excitation, des expéditions guerrières étaient fréquemment organisées dans l'unique but de ramener le plus de têtes ennemies possibles. Pour les âmes sensibles, je vous conseille de passer les deux images qui suivent :



Le retour d'une chasse fructueuse est l'occasion pour le village de célébrer cet exploit par différents rites et cérémonies. Les meilleurs guerriers sont alors autorisés à se tatouer le visage. Evidemment ces expéditions ont été stoppées depuis une cinquantaine d'années mais quelques rivalités ethniques demeurent encore et deux victimes en ont fait les frais l'année dernière.

Mais c'est dans une toute autre ambiance que j'effectue mes treks dans les montagnes pour rendre visite aux familles. Même si la responsable du programme de Bauko n'a pas manqué de me rappeler qu'il fallait que je fasse attention en croisant des paysans lors de mes randonnées. En ajoutant même un "maintenant tu sais pourquoi!".





Dans ces montagnes, les forêts de pins vous rappellent le doux parfum du midi. Ici les familles cultivent le riz (ça on pouvait s'en douter) mais aussi la cacahuète et, lorsqu'ils en ont les moyens, ils élèvent des poules et des cochons.




Un matin, j'apprends que deux hommes, ayant pris connaissance de ma présence ici, souhaiteraient s'entretenir avec moi. C'est ainsi que je découvre la principale préoccupation actuelle des habitants de la région. En fait une poignée de grandes compagnies minières semble s'intéresser de très près aux richesses minérales que pourrait receler le sol de la région. Mais les habitants voient ça d'un très mauvais oeil, surtout qu'ils observent déjà les effets des forages d'exploration sur la qualité de leur rivière. Le gouvernement philippin, quant à lui, y voit déjà une importante source de revenus et a donc déjà commencé à envoyer l'armée pour protéger les sites d'exploration. Ces hommes m'expliquent que leur travail de sensibilisation de l'opinion publique a déjà bien avancé et qu'ils ne sont pas prêts à en rester là. L'un d'eux m'affirme même que s'il le faut, il est prêt à engager une lutte armée pour protéger ses montagnes. Alors quand on connaît leur passé, on se doute que la situation est assez mal engagée. Le pire dans tout ça c'est qu'une des compagnies est française! A ce moment là, je ne faisais donc pas trop le fier... 


Pour terminer cette article sur une note un peu plus festive, je vous propose quelques photos d'un mariage entre un suisse et une philippine, à Bontoc, durant lequel je me suis gentiment incrusté jusqu'à la table des invités pour pouvoir assister, aux premières loges, aux différentes danses ethniques! De toute façon il parait qu'ici, si tu connais un invité tu peux venir sans problème t'installer à une table. Quand on pense qu'en France le plan de table est un vrai casse-tête...






Pour la petite histoire, l'influence du conseil des vieux du village appelé "Ato" est encore très forte. C'est de là qu'émanent les décisions importantes du village. Le respect des aînées est tel que seules ces grand-mères qui apparaissent sur les photos ont encore de l'autorité sur les jeunes du village. A Bontoc, par exemple, les policiers sont incapables de disperser les adolescents qui boivent dans les rues de la ville le soir. Mais si une de ces grand-mères leurs demande de rentrer chez eux, pas un seul ne désobéira...

A vous de jouer !

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